Dans la peau d'une doula le temps d'une nuit...

La vie est décidément pleine de surprises. De nombreux choix, décisions, rencontres, évènements se sont passés dans ma vie sans qu'à aucun instant je ne me sois doutée qu'ils allaient se produire.

Par exemple, quand j'étais petite, jamais je ne me suis dit ou me suis imaginée que ...

• ... j'allais vivre dans un pays étranger,
• ... que j'allais être à la tête d'une famille nombreuse,
• ... que le Français n'allait pas la langue maternelle de mes enfants,
• ... que j'allais autant apprécier rencontrer des gens de différentes cultures,
• .... et dernièrement que j'allais assister à une naissance (autre que les miennes)

 

Oui!! Pendant quelques heures, je me suis mise dans la peau d'une "doula" (accompagnante à la naissance) en apportant mon soutien émotionnel à Natalie et Justin pour la naissance de leur deuxième enfant. Une expérience unique pour laquelle je n'avais aucune idée de comment j'allais aborder et gérer la situation. Bon un avantage indéniable, c'est que je suis personnellement passée par là 4 fois et que je sais à quel point un accouchement est un moment unique et transformateur dans la vie d'une femme. A mon avis, c'est l'un des rares moments dans la vie où une femme se sent à la fois incroyablement vulnérable ET détentrice de ressources jusqu'alors insoupçonnées. Arriver à naviguer ce marasme émotionnel et physique est loin d'être une chose aisée. Selon moi, c'est là qu'une accompagnante à la naissance prend toute sa valeur et son sens.

Aux Etats-Unis, environ 5% des parents font appel à une doula professionnelle pour les soutenir dans cette aventure. J'ai rencontré également quelques personnes qui m'ont dit avoir demandé à leur maman ou une très bonne amie d'être présente pour leur accouchement. C'est loin d'être la majorité mais je pense que c'est une tendance qui grandit doucement chaque année dans le pays.

J'ai été extrêmement touchée et honorée lorsque Natalie m'a demandé si je voulais être à ses côtés pour la naissance. C'était totalement inattendu! Au final, quand j'y repense nous nous connaissons juste depuis quelques mois (ils ont déménagé de San Diego en Californie et sont venus s'installer à Durham en Juin 2018 puis j'ai fait leur rencontre à Farm church un dimanche d'Octobre 2018). Je me suis très vite attachée à cette famille . Et je pense qu'une fois de plus la magie de Durham à opérer et des liens forts se sont rapidement tissés entre nous.

Natalie souhaitait une présence féminine à ses côtés pour l'encourager en plus de celle de Justin. Je ne peux que l'approuver!! J'ai également pris conscience de la puissance de ce soutien féminin lors de ma dernière grossesse. J'avais notamment eu le  privilège de recevoir une magnifique fête prénatale (mother blessing) organisée par Nelly. Un petit retour en arrière sur ce moment très émouvant par ici. Et puis surtout, pour mon dernier accouchement, j'ai eu la chance d'avoir eu une doula à mes côtés qui a su m'encourager et m'épauler comme aucun homme n'aurait pu le faire (désolée Lj. Ta présence était indispensable mais tu comprendras ce que je veux dire !): Amanda ma doula avait le bon ton dans sa voix, les bons mots, les bons gestes, les bonnes suggestions, la bonne présence (juste ce qu'il fallait pour me guider mais pas trop à s'imposer). Cela avait beau être mon 4 ème accouchement, à chaque fois, je me suis sentie extrêmement vulnérable et envahie de doutes et de peurs. Avoir quelqu'un à mes côtés qui était en mesure d'accueillir toutes ces émotions avec calme et douceur a vraiment fait toute la différence pour moi. Voici le lien ici sur le récit de mon accouchement pour Mathilde. Ayant ces souvenirs frais dans ma tête, je voulais incarner cette même présence calme et rassurante pour Natalie. 

Durant les deux derniers mois de sa grossesse, nous avions pris l'habitude de nous voir tous les mercredi matin. Nous amenions Magnolia et Mathilde (qui ont juste 7 mois d'écart) à un storytime dans une libairie locale. Nous en profitions pour nous retrouver et parler ensemble. Beaucoup d'éléments extérieurs ont rendu la fin de grossesse très stressante et fatigante pour Natalie. Elle a du changer d'assurance santé à quelques semaines d'accoucher et une chose assez étrange s'est produite: Elle a reçu deux différentes dates d'accouchement à une semaine d'écart ;-( Sachant que pour Magnolia elle avait dû être déclenchée car elle était allée bien au delà de sa date prévue d'accouchement, j'ai eu le sentiment d'être "on call" jour et nuit pendant plusieurs semaines ;-).

Cela m'a replongée dans cet état d'incertitude et de manque de contrôle, essayant d'imaginer tous les scénarios possibles pour faire garder les filles lors du jour J. Au final, je m'étais plus ou moins résignée en me disant que les choses se feront en temps et en heure et que l'on trouvera l'aide dont on aura besoin. Cette fois-ci je me suis demandée comment j'allais pouvoir caser les 4 filles pour me rendre à l'hôpital... Au final je reçois un appel de Justin Vendredi 3 Mai à 16h. Ce jour là comme par hasard, Coline et Eléonore n'ont pas voulu aller à la gym et Lj était rentré plus tôt du travail car il ne se sentait pas très bien. Ce n'était pas idéal pour Lj mais avec un peu d'aide de Télé et glace, il a survécu :-). Pour moi, ce timing ne pouvait pas être mieux. Je pack une petite laine, une grosse gourde d'eau et quelques snacks et 30mn plus tard, j'étais aux côtés de Natalie, qui commençait à ressentir de fortes contractions. A ce moment là, elle était encore dans la salle de triage. Ils n'étaient pas sûrs de la garder car les contractions n'étaient pas très rapprochées.

30mn plus tard, sa poche des eaux se perce. Plus de doute, tout le monde reste à l'hôpital et bébé est en chemin !! Beaucoup d'excitation et de soulagement pour Natalie qui ne se voyait pas rentrer chez elle. On attend quelques minutes qu'une chambre se libère. Vers 19h00, Natalie s'installe tranquillement dans la salle d'accouchement, entre deux contractions. A ce moment là, Nikki, une deuxième amie de Natalie, nous rejoint. Nikki a également 4 enfants. Elle se tient aux côtés de Natalie pour lui murmurer des omts d'encouragement pendant que je passe un long moment avec mes mains posées sur le bas de son dos. La magie du reiki opère. Je pouvais sentir l'énergie circulée à travers mes mains et une chaleur se diffuser dans son corps. J'essaie en même temps de la rassurer et de l'encourager comme je peux. J'aime beaucoup visualiser l'image des vagues pour gérer les contractions. Essayer d'acceuillir la contraction et de s'ouvrir à elle plutôt que de chercher à l'éviter et mettre son corps sous tension. Chaque contraction la rapproche un peu plus de son bébé mais aussi la fatigue un peu plus. Elle répète inlassablement "je suis fatiguée, je ne peux pas le faire". Vers 21h00, elle décide donc d'avoir une péridurale. La procédure fait rapidement son effet. Son visage se relaxe, elle se remet à nous parler. Nous sommes maintenant 6 dans la salle: Justin, Natalie, Nikki, moi, Michèle l'infirmière et Stacey la sage femme. Entre deux contractions, il y a quelques échanges de conversations. On se met tous à parier sur la date de naissance: 3 mai ou 4 mai ? Natalie étant née le 31 décembre, elle ne voulait pas que son enfant naisse un jour de fête (Cinco de Mayo était tout proche). Le 4 Mai aux Etats-Unis est un bon jour pour les amateurs de Star Wars avec la fameuse "May the force be with you!" (May the 4th). Puis il lui vient l'envie de pousser. Dans ma tête je me dis "ouah, c'est super, cela n'aura pas duré longtemps!" mais c'était sans compter que la péridurale allait bien ralentir le travail. Natalie a poussé pendant plus de 3h! Elle disait elle même ne pas ressentir grand chose et n'arrivait pas à canaliser sa poussée. Elle ne savait pas si elle poussait dans ses jambes, son orteil, son ventre... Finalement, à 1h du matin, elle est vraiment épuisée et demande si l'utilisation des forceps pourrait aider. Le docteur prépare tout ce qu'il faut pour cet effet mais demande quand même à Natalie de faire une dernière poussée par elle même (le docteur l'aidera un peu en allant chercher le bébé avec ses mains). A ce moment là, j'étais passée de "l'autre côté" pour tenir une de ses jambes (Justin tenait l'autre) et l'encourager à mettre toute son énergie de poussée vers le bas pour faire sortir le bébé. J'avais une vue au premier plan ! Je comprends mieux maintenant pourquoi certains papas s'évanouissent à la vue du bébé qui sort du vagin! Voir le col totalement dilaté n'est pas pour tout le monde. Pour ma part, après voir eu besoin de quelques minutes pour réaliser ce qui se passait, je n'avais qu'une pensée en tête: Notre corps est juste incroyable!! 

 Cette dernière poussée de Natalie a permis l'expulsion d'un magnifique petit bébé. C'est Justin qui a annoncé le sexe. Une deuxième petite fille!! A ce moment là, je ne contiens plus mon émotion et les larmes coulent sur mon visage. L'infirmière et moi nous prenons dans les bras pendant que le docteur pose le bébé sur le ventre de Natalie et laisse Justin couper le cordon après quelques minutes. Un pur moment de bonheur et d'émotions. Avec Nikki, nous sommes restés à leur côtés jusqu'à ce qu'ils aillent dans une chambre post-partum. Je suis rentrée à la maison à 4h30 du matin, remplie d'émotions très fortes mais aussi complètement vidée par ce qui vient de se produire. Il m'aura bien fallu une semaine pour récupérer de tout ça!

Cette magnifique demoiselle se prénomme Zuri et a fait une douce entrée dans ce monde. Avoir été le témoin de sa naissance restera à jamais gravée dans ma mémoire. 

Ironiquement, quelques jours après avoir assisté à ce miracle de la vie, une page de la maternité s'est tournée pour moi. En effet, le 8 Mai, Mathilde a fait sa dernière tétée :-)

Comments

[Nat]

Wahouuuu quelle expérience pour toi!

Je témoigne néanmoins sur un point. J’ai eu 2 péridurales (sans aucun regret :-) et je n’ai eu qu’a Pousser 3 fois pour sortir les puces. Cela n’a ralenti en rien le travail :-)

Bisous à tous